Pourquoi et comment le loup n’est pas une légende dans nos montagnes
Le 4 décembre 2009 j’écrivais,
Cet été à l’alpage de Longon, notre rencontre avec le loup a été furtive puisque nous l’avons aperçu à l’aube devant le refuge une fois. Il n’en demeure pas moins que les brebis du troupeau voisin transhumant furent attaquées à maintes reprises avec des pertes.
Les nôtres ont eu la chance de dormir près du refuge et d’être épargnées cette année alors que nous avions subi des pertes la saison d’alpage précédente, Calixte avait bien vu le loup la veille…
C’est alors au moment où on l’attend le moins, avec les bêtes qui nous semblaient les moins vulnérables, notre troupeau de vaches, que le loup nous a attaqué.
Elle s’appelait Ancolie, elle aurait eu 4 ans aujourd’hui le 4 décembre, elle allait avoir son deuxième veau dans un mois et allait nous offrir une belle lactation. Seulement Ancolie avait aussi du caractère et n’avait pas peur de se retourner contre le chien de troupeau.
Aussi, quand le loup, plus certainement plusieurs loups, sont venus sur le troupeau à la couchade de nuit à Rougios, Ancolie s’est retournée face à eux.
Elle y a laissé sa vie, attaquée à la gorge (carotide sanctionnée nette), elle n’a guère eu le temps de souffrir. Quant aux loups, ils ont consommés les deux cuisses, les entrailles, le fœtus, et sont repartis repus de leur festin.
Depuis cet automne 2009, si les vaches ont été épargnées, ce n’est pas le cas des chèvres et des brebis. Le loup s’est adapté à nos méthodes de travail, s’il ne peut plus nous attaquer la nuit le troupeau étant réuni dans un ancien abri sous rocher que nos ancêtres bergers ont façonnés et que nous avons ceinturés de grilles, le loup est là le jour, surtout les journées chargées d’orages et de brume. Il nous guette, attend et se sert… et les pertes se comptent par dizaine chaque saison d’alpage.
Aussi nous pensons fortement que seul l’amour de notre métier et de l’environnement dans lequel nous le vivons qui sont les montagnes du Mercantour, de Roure à Longon, nous permet de ne pas avoir de haine, reste la crainte que cela se reproduise, alors on y pense et les pertes sont là avec leurs incidences sociales, psychologiques et économiques. Le loup du Mercantour ce n’est pas une légende… c’est devenu le quotidien de notre élevage pastoral, qui répond pourtant si bien aux attentes des consommateurs d’une agriculture saine et durable.
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